Regards croisés sur la place des hommes dans le mouvement féministe

Retour sur la conférence

 

  

 

  

 

Lors de cette soirée nous avons donné la parole à deux hommes, Marius Diserens et Andrea Münger, pour aborder le sujet de leur place dans le mouvement féministe. Parce que lorsqu’on est un homme, trouver sa place au sein du mouvement féministe peut s’avérer délicat.

En effet, comment se positionner lorsque les combats menés, les discriminations dénoncées ne nous concernent pas directement ? Comment accepter d’aller parfois à l’encontre de ses propres intérêts ?

On pourrait parler déjà de quelques étapes préliminaires indispensables. La fameuse déconstruction. Le principe paraît simple : prendre le temps à son échelle individuelle de porter une réflexion sur son propre comportement ainsi que sur ses privilèges que l’on a en tant qu’homme (mais c’est aussi valable dans une certaine mesure pour les femmes).

Ensuite, on peut imaginer une modification des comportements stéréotypés masculins comme le mansplaining ou le manterrupting puis se permettre peut-être d’agir au quotidien sur le socle de ses nouvelles valeurs. Voilà une idée, des pistes que les hommes qui veulent intégrer le mouvement féministe pourraient explorer.

Dans son témoignage Marius a relevé que la place des femmes dans sa vie fut toujours importante. Puis c’est à travers des modèles féministes comme Emma Watson ou Gisèle Halimi qu’il a compris qu’il était pour lui nécessaire de trouver sa place dans le mouvement féministe. Un mouvement qui, par définition, doit être ouvert, intersectionnel et prendre en compte toutes les femmes*. Il a été aussi nécessaire pour lui de passer par une phase de déconstruction et de réalisation des privilèges qu’il a en tant qu’homme blanc queer cisgenre. Pour lui, nous devons, dans nos positions de privilèges, se demander « qu’est-ce que je fais de mon privilège » et comment il est possible de soutenir les personnes qui en ont moins. Le but de toutes et tous est bien évidemment d’être heureux·euse et cela découle de la possibilité de se réaliser en tant qu’être à part entière.

Pour Andrea son intégration au mouvement féministe a débuté par une introspection qui a vu le jour à travers sa conscientisation politique. Il a aussi toujours était entourée de femmes dans sa vie lui offrant une vision claire des inégalités que ces dernières ont subi durant leur vie. Il a aussi réalisé les privilèges qui étaient les siens et a souhaité se battre pour aider celles et ceux qui en avaient moins en s’investissant en politique. Il est nécessaire de mettre en place un dialogue entre hommes et femmes pour que ces derniers trouvent une place légitime dans le mouvement féministe. Mais le système patriarcal ne pourra être véritablement attaqué que si on privilégie une déconstruction sociétale en particulier par l’éducation et la conscientisation collective des inégalités car il est plus facile que de déconstruire une idéologie.

Finalement, cette soirée a permis d’aborder la problématique de la masculinité toxique. Pour Marius comme pour Andrea et les personnes du public, nous devons lutter contre les archétypes et stéréotypes existants car la pression ressentie par les hommes au sein du système patriarcal est, en réalité, assez forte et par bien des aspects négatives. Ainsi, utiliser ses privilèges d’hommes pour soutenir les femmes dans leur combat et légitimer leurs paroles cela permet aussi d’aborder les éléments qui sont néfastes pour sa propre masculinité comme le culte de la performance, la virilité, etc.

 

Géraldine Dubuis

Présidente du CLAFV